8 novembre 1939 – L’attentat raté contre Hitler qui coûta 70 millions de morts à l’humanité

Le soir du 8 novembre 1939, à Munich, dans la brasserie Bürgerbräukeller, Hitler fête l’anniversaire de son putsch raté de 1923. À 13 minutes près, il aurait été tué et le monde n’aurait été que plus heureux… et plus encombré.

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Hitler arrivant à Bügerbraükeller pour la célébration, acceuilli par les « anciens camarades »

C’est dans ce même lieu, que 16 ans plus tôt, le jeune et déjà fougueux Hitler, alors chef du parti national-socialiste des travailleurs allemand accompagné par le général Erich Ludendorff pénètrent dans la brasserie Bügerbraükeller où se déroule une réunion de soutien à Gustav von Kahr pour annoncer le renversement du gouvernement bavarois. Avec ce coup de bluff, Hitler comptait rallier von Kahr et réussir son putsch. Peine perdue, il finit au cachot pour 14 mois. Une période d’emprisonnement mise à profit pour la rédaction de sa diatribe enflammée et haineuse, Mein Kampf.

Dix ans plus tard, Hitler accède à la Chancellerie, à la tête du gouvernement allemand, et depuis, chaque année il célèbre le putsch raté dans cette même brasserie.

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Hitler prenant la parole à la brasserie le 8 novembre 1939. Il abrège son discours pour rattraper son train, car son avion ne pourra pas le ramener à temps à cause du brouillard

Mais pour l’anniversaire de 1939, le Führer va échapper ce soir-là à une bombe destinée à le tuer et du même coup à changer la face du monde.

Georg Elser, un humble menuisier originaire du petit village de Hermaringen, dans le Jura souabe, veut profiter de l’occasion pour assassiner le Führer dont, plus lucide que la plupart de ses contemporains, il a mesuré la malfaisance.

Il ne lui suffit pas de s’opposer en silence, en refusant par exemple le salut nazi. Dans une solitude totale, il décide d’agir par lui-même.

Ayant observé que chaque année, Hitler célèbre l’anniversaire du putsch de la Brasserie, il s’établit dès l’été 1939 à Munich et fabrique lui-même une bombe à retardement en usant de son savoir-faire en horlogerie.

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Georg Elser

Pour s’habituer à la brasserie, Georg devient un client régulier. Il y va régulièrement dîner, et ayant repéré les lieux il s’y laisse enfermer la nuit afin de préparer la cachette de la bombe. Deux jours avant la célébration annuelle, il y dépose la bombe…

Le 8 novembre, comme prévu, Hitler se présente à la brasserie, entouré de la plupart des principaux dignitaires nazis.

Mais comme il a hâte de revenir à Berlin, il abrège son discours et  quitte les lieux plus tôt que prévu, à 21h07, soit 13 minutes précisément avant l’explosion de la bombe.

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La brasserie décimée par la bombe

13 minutes ont décidé du futur de l’Europe et du monde.

La bombe explose inutilement, provoque l’effondrement d’une partie du local, faisant huit morts et 63 blessés.

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Hitler inspectant le lieu de l’attentat manqué quelques heures plus tard

Très vite, en analysant les restes de la bombe, la police de Himmler identifie les fournisseurs de Georg Elser et retrouve son atelier.

Le menuisier est arrêté le soir même alors qu’il tente de franchir la frontière suisse. Après quatorze heures d’interrogatoire et de torture, il avoue avoir posé la bombe, mais persiste à nier toute complicité face aux policiers qui n’en croient pas leurs oreilles et suspectent les services secrets britanniques.

Hitler demande que le prisonnier soit conservé en vie jusqu’à la fin de la guerre, dans l’attente d’un procès à grand spectacle destiné à magnifier le nazisme. En attendant, il est déporté au camp de concentration d’Orianenburg-Sachsenhausen, près de Berlin, puis transféré à Dachau, et il y reste jusqu’à la fin de la guerre.

Le 9 avril 1945, sachant que tout est perdu, alors qu’il est sur le point de se suicider après avoir mené son pays au chaos, Hitler n’oublie pas son hôte de Dachau, il donne par téléphone l’ordre express d’exécuter le « prisonnier spécial » avant de se donner la mort.

6 novembre 1956 – L’expédition franco-britanniques à Suez tourne à l’humiliation

Le 6 novembre 1956, à minuit, prend fin l’expédition de Suez. Les parachutistes français et britanniques doivent cesser le feu quelques heures à peine après avoir sauté sur le canal et défait les troupes égyptiennes.

Cette date sonne la fin de l’ère coloniale la France et la Grande-Bretagne et la fin de leur influence au Moyen-Orient. Elle annonce aussi l’émergence du tiers monde et des pays arabes ainsi que l’intervention des États-Unis dans la politique moyen-orientale.

C’est donc en ce jour-là, à minuit que les Britanniques, les Français et les Israéliens acceptent le cessez-le-feu réclamé par l’ONU. Économiquement affaibli par le conflit, le Royaume-Uni n’a d’ailleurs aucune alternative. De plus, ils ne peuvent compter sur le soutien américain, puisque les deux grandes puissances – États-Unis et URSS – exigent le retrait des troupes. Le conflit amorcé par les trois pays se solde donc par un échec humiliant. Les troupes franco-britanniques quitteront progressivement le territoire jusqu’au mois de décembre.

Tout commence le 26 juillet 1956 lorsque le président de l’Égypte, le « raïs » Nasser, décide de nationaliser le canal de Suez par où transite la moitié des importations de l’occident. Exploité par les Français et les Britanniques, le canal ne rapporte que 3% de son chiffre d’affaires à l’Égypte. Les 97% restant tombant dans l’escarcelle franco-britannique. Or Nasser a besoin d’argent pour son grand projet : la construction du barrage d’Assouan, un travail pharaonique, capable à la fois de fertiliser la Nubie, de réguler les crues du Nil et surtout d’apporter à l’Égypte un potentiel hydroélectrique considérable.

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Débarquement d’un char britannique à Port Saïd, 1956

Suite à la nationalisation du canal, le socialiste Guy Mollet, chef du gouvernement français, eut l’idée de punir Nasser de son soutien aux indépendantistes algériens. De son côté, le jeune État d’Israël, fidèle allié de la France, manifesta le souhait d’une guerre préventive contre l’Égypte, soupçonnée de vouloir laver l’affront subi par les Arabes en 1948.

Une conférence internationale s’ouvrit à Londres le 16 août en vue de trouver un compromis. Pendant ce temps, dans la discrétion, les militaires français et britanniques acheminèrent des troupes vers Chypre. À Londres, le Premier ministre conservateur Anthony Eden eut plus de difficulté à rallier sa majorité à la perspective d’une guerre.

Il est convenu que les Israéliens, décidés à « rompre l’encerclement », attaqueront les Égyptiens et qu’ensuite, Français et Britanniques adresseront un ultimatum aux adversaires et occuperont la zone du canal sous prétexte de les séparer !

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Un tanker en feu à Port-Saïd

Le 29 octobre, les troupes du général Moshe Dayan se lancent dans le Sinaï et mettent en déroute l’armée égyptienne. Comme prévu, le 30 octobre, Londres et Paris envoient un ultimatum conjoint au Caire et à Tel-Aviv, enjoignant aux combattants de cesser le feu et de se retirer à 10 miles du canal.

Israël s’incline, mais l’Égypte, comme on peut s’y attendre, rejette l’ultimatum.

Le lendemain 31 octobre, Français et Anglais détruisent au sol les avions égyptiens. Et, les 5 et 6 novembre, les parachutistes sautent sur Port-Saïd, à l’endroit où le canal débouche sur la mer Méditerranée. Personne ne se soucie d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée trois jours plus tôt, le 1er novembre…

Entretemps, pendant que l’attention du monde se porte sur le canal de Suez, les chars soviétiques entrent à Budapest et répriment le soulèvement des Hongrois contre leur régime communiste.

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Soldat égyptien fait prisonnier par des paras britanniques

À peine les paras français et britanniques touchent-ils terre dans la zone du canal que les Soviétiques menacent d’intervenir avec des fusées intercontinentales à tête nucléaire si l’attaque n’est pas stoppée ! Les États-Unis,  inquiets d’un affrontement direct avec l’URSS qui soutient l’Égypte, imposent un cessez-le-feu immédiat ainsi qu’un désengagement sous l’égide des Nations unies.

Britanniques et Français n’ont alors pas d’autres choix que d’accepter ces conditions le 6 novembre.

Au final, l’intervention franco-britannique n’aura duré que 40 heures et se sera soldée par quelques centaines de morts, dont douze Français et dix-neuf Britanniques.

La France et l’Angleterre sortent humiliées de la crise. À Paris, Guy Mollet est affaibli, tandis qu’à Londres, Anthony Eden est contraint de démissionner. Surtout, les deux puissances européennes essuient une grave perte de prestige, en particulier face aux pays émergents du Tiers monde. À l’inverse, le régime de Nasser ressort triomphant de la confrontation. Son prestige ne va dès lors cesser de croître. Le canal ne sera rouvert qu’au milieu de l’année 1957 . La France et l’Angleterre ne seront plus ravitaillées en pétrole durant de longs mois et devront mettre en place un système de rationnement.

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Bon de rationnement d’essence en France, 1956

5 novembre 1906 – Le scandale Marie Curie: première femme à donner un cours à la Sorbonne

C’est la première femme à occuper ce poste. Malgré le sexisme et la xénophobie à leur paroxysme à cette époque, Marie s’impose comme étant la seule qualifiée à occuper le poste de son mari Pierre, décédé dans un accident de voiture. Elle donne ainsi ce 5 novembre 1906  son premier cours à un parterre d’étudiants tout autant intrigués par la radiologie que par cette femme au destin hors du commun. Par ce premier cours, elle ouvre ainsi la voie aux postes élevés de l’enseignement supérieur aux femmes.

Marie Curie, née Maria Sklodowska au sein du Royaume du Congrès (actuelle Pologne) le 7 novembre 1867 a été pionnière dans bien de domaines.

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Pierre et Maris Curie dans leur laboratoire de fortune

Avec son époux, Pierre Curie, ils reçoivent une moitié du prix Nobel de physique de 1903 (l’autre moitié est remise à Henri Becquerel) pour leurs recherches sur les radiations. Contrairement à ce qu’on imagine, tout leur travail s’est fait dans un taudis qui tient plus d’un croisement d’une grange de pomme de terre et d’une étable que d’un laboratoire scientifique de pointe. Paul n’a jamais mis les pieds dans le laboratoire que l’Université de Paris tardait à construire. Il décède dans un accident de voiture laissant sa femme continuer le travail sur les radiations et découvrir ainsi

le Radium.

Après la disparition de Paul, outre son travail de recherche, Mari dû faire face à bien de préjugés. Cette femme scientifique d’exception, l’opinion publique voulait la voir en mère au foyer plutôt qu’une directrice de laboratoire. On voulait tout simplement que la Polonaise rentre chez elle !

Pour ne rien arranger aux choses, le 4 novembre 1911, éclate l’« affaire Langevin ». La presse accuse Marie, alors veuve depuis cinq ans, de tenir une liaison extraconjugale avec un autre collègue scientifique, Paul Langevin. Cette histoire est imaginée par la presse nationaliste, misogyne et xénophobe qui la traite de « Polonaise venant briser un bon ménage français » et fait les gros titres.

Des journaux à scandale publient des lettres qui enflamment les lecteurs. Tous deux démentent la teneur des lettres publiées, mais en vain. La campagne de presse a été si violente que le ministre de l’Instruction publique en est venu à souhaiter que Marie Curie retourne en Pologne.

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Le Nobel de chimie de 1911

Le 8 novembre 1911, au plus fort et en dépit du scandale, Marie Curie reçoit un télégramme l’informant que le prix Nobel de chimie lui est décerné, « en reconnaissance des services pour l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés». Malgré la suggestion du comité Nobel de ne pas venir chercher le prix en raison de pressions politiques ainsi que du scandale qui la couvre, elle choisit de se déplacer et le reçoit le 10 décembre 1911 à Stockholm.

Elle est la première femme à avoir reçu le prix Nobel, et elle reste à ce jour la seule personne à avoir été récompensée par le prix Nobel dans deux domaines scientifiques distincts.

Mais la presse française reste silencieuse à l’époque, gardant sous silence l’exploit de Marie.

Le Nobel est quand même une affaire de famille pour les Curie, car outre Marie, lauréate deux fois, et son mari Pierre, sa fille Irène reçu le prestigieux prix en 1935 pour son travail sur la radioactivité. C’est presque comme chez nous, à quelques neurones près : chez nous au Libanistan on se passe les postes de ministres ou députés plutôt que les Nobels de père en fils, ou en beau-fils…

Marie fut aussi active pendant la première mondiale, mettant ses recherches do côté pour le travail de secours aux soldats. Dès le début de la guerre, elle se mobilise, car elle sait combien peuvent-être utile les appareils à rayons X pour repérer les fractures et localiser les éclats d’obus.

Dès le mois d’août 1914, elle obtient une attestation du Ministère de la Guerre pour mettre en place une équipe de manipulateurs en radiologie. Elle enseigne à plus de 150 élèves les bases de physique et d’anatomie.

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Laboratoire mobile de radiologie « petite Curie », France, 1ere guerre mondiale 

Marie Curie est persuadée qu’il ne faut pas déplacer les blessés. Elle va donc créer des unités radiologiques mobiles avec le matériel nécessaire, qu’on appelle à l’époque « Les Petites Curies ». Elle en conduira une elle-même dans les zones de combat.

En novembre 1918, à la fin de la guerre, Marie Curie peut enfin reprendre son poste à l’Institut du radium. L’Institut du radium doit faire face à des difficultés financières.

En 1921, la journaliste Marie Mattingly Meloney organise une collecte de 100 000 dollars

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Albert Einstein et Marie Curie

américains (environ 1 million de francs or) auprès des femmes américaines afin que Marie Curie puisse acheter un gramme de radium pour l’institut. Marie Curie effectue son premier voyage aux États-Unis le 20 mai 1921, pour acheter un gramme de radium à l’usine du radium de Pittsburgh, où sont utilisés de manière industrielle les procédés qu’elle a développés. En 1929, toujours grâce aux femmes américaines, elle reçoit un nouveau gramme de radium, dont elle fait don à l’Université de Varsovie.

Marie Curie ignorait le danger de la radioactivité pour le corps humain. Son corps fut carrément usé par son travail, littéralement, et non pas en burn-out de cadres chouchoutés au Starbucks skinny latte  et aux plateaux de sushis.

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La reocnnaissance arrive tard. Un billet de 500FF avec Marie et Pierre Curie ainsi qu’une « petite Curie »

Elle est atteinte d’une leucémie radio-induite par son exposition prolongée aux éléments radioactifs. Elle décède le 4 juillet 1934, à 66 ans des suites de sa maladie. Le 20 avril 1995, Pierre et Marie Curie sont transférés au Panthéon, sur décision du président François Mitterrand. Jusqu’en 2014, elle y est la seule femme honorée pour ses actions. Avant elle, Sophie Berthelot a été la première femme inhumée, mais « en hommage à sa vertu conjugale » (ça se récompense cela ?!?)

Ses papiers, documents et instruments sont toujours radioactifs et dangereux à ce jour.

3 novembre 1957 – La pionnière de l’espace est sacrifiée pour un voyage sans option de retour sur Spoutnik II

Laika, une chienne bâtarde de 3 ans ramassée d’une rue de Moscou est envoyée en orbite autour de la terre. C’est le premier être vivant à connaître l’espace.

Fort du succès du premier Spoutnik, Khrouchtchev demanda en octobre 1957 le lancement d’un autre satellite pour l’anniversaire de la révolution, seulement un mois après.

Le deuxième satellite à être envoyé en espace, Spoutnik 2, était un cône de 508 kg, 2 mètres de diamètre sur 4 de haut. La pointe contenait les instruments scientifiques pour la mesure des radiations solaires, en dessous se trouvait la sphère pressurisée contenant l’équipement radio, sphère dérivée de celle du premier Spoutnik. La base du cône accueillerait l’animal sélectionné pour le voyage au paradis des chiens, avec l’isolation thermique, de l’eau, de la nourriture, le système de  recyclage de l’air et la gestion des déchets de la chienne.

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Laïka dans la centrifugeuse lors de son entraînement

En raison du temps imparti pour réaliser Spoutnik II il n’a pas été possible à l’équipe soviétique d’envisager de faire revenir la chienne sur terre. Dès le début de la mission, il est donc prévu que l’animal soit sacrifié. Mais ce n’est que le 13 novembre qu’est révélé au public le fait que les savants russes n’avaient pas pour but de ramener Laïka sur terre, car depuis le lancement, l’opinion publique internationale s’émeut du sort de la chienne.

Mais pourquoi une chienne ? Le choix s’est porté sur une chienne, tout simplement, car elle n’a pas besoin de lever la patte pour uriner, l’espace dans la capsule ne lui laissant que quelques centimètres pour bouger. La sélection s’est faite sur l’obéissance, la capacité à supporter les bruits forts, et à rester dans un espace exigu plusieurs jours de suite. Et Laïka fut la grande gagnante de ce ticket de mise à mort.

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Installation de Laîka dans sa capsule où revêtue de sa combinaison spatiale elle fut sanglée aux parois

Ainsi pour s’entraîner, on plaça Laïka dans des centrifugeuses, puis on la plaça dans des espaces de plus en plus réduits jusqu’à atteindre la taille de la capsule de Spoutnik II.

Lors de la montée de la fusée, alors que la vitesse atteignait près de 28,800 km/heure, le rythme cardiaque de Laïka subit une très forte augmentation : avant le décollage, il était de 103 pulsations par minute et après, il passa à 240 par minute. Laïka commença à haleter furieusement. Désemparée et stressée, elle gigota énormément.

Une fois en apesanteur, il lui a fallu trois heures pour retrouver son rythme normal, soit trois fois plus que lors des essais au sol !

Tout de suite après sa mise en orbite, le satellite ne se sépara pas des réacteurs comme il était prévu, ce qui entraîna de graves problèmes de régulation thermique. Au bout de quatre à cinq heures de vol, ils constatèrent une dramatique hausse de la température à l’intérieur de l’habitacle (41°C). Comble de malheur, et surtout à cause d’un manque de planification, la capsule ne possédait aucune protection contre les radiations solaires, ce qui augmenta encore plus la chaleur.

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Reconstitution de Sputnik II

Tout laisse à penser qu’elle mourut après être tombée dans le coma, non sans avoir atrocement souffert de la chaleur et de déshydratation. Cette augmentation de température fut donc responsable de son décès ainsi qu’un trop grand stress.

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Laïka fut célébrée dans le monde entier

Pourtant, la version officielle longtemps donnée par le Kremlin fut que la chienne était morte au bout de 7 jours par un poison mélangé à sa nourriture afin de ne pas la faire souffrir lors du retour dans l’atmosphère.

Laïka n’a plus donné aucun signe de vie à compter de la cinquième heure et on n’enregistra plus aucune donnée. Elle est morte bien avant que ses réserves en oxygène aient été épuisées.

C’est le 14 avril 1958 que le satellite après 2.570 révolutions autour de la terre se désintègre dans l’atmosphère.

1er novembre 1623 – Fakhreddine remporte une victoire majeure sur les troupes ottomanes à Anjar

Rien ne nous est resté sur cette bataille, sinon le nom, une description rapide des forces engagée, et le résultat final. Même le lieu exact n’est pas connu. Ni stèle commémorative ni plan de bataille. Quelques vers chantés par Feyrouz résument la bataille.

1er novembre - fakhreddine-i2Ramenant la bataille à son contexte: Ferdinand 1er, grand-duc de Toscane qui cherche à se frayer un chemin commercial en Orient, dépêche en 1608 un émissaire qui signe avec Fakhreddine un accord secret qui I’engage a ouvrir ses ports a la flotte toscane et a la ravitailler, avec, en contrepartie, I’engagement de renforcer son pays, lui envoyer des munitions et des artisans pour la fabrication des canons. Mais des agents anglais de la «Perfide Albion » divulguent cet accord et la Sublime Porte décide de châtier son vassal. Elle envoie une flotte de soixante vaisseaux et Ahmed Hafez, pacha de Damas, s’attaque aux armées par voie de terre faisant la jonction avec son éternel ennemi et beau-père Sayfa. Encerclé, le conseil de l’émir refusant de le suivre et d’organiser la résistance, Fakhreddine prend la route de I’exil confiant la direction de I’armée a son frère Younes et fait proclamer son fils Ali.

Fakhreddine connait bien le sultanat et les changements qui y arrivent. Il patiente tant bien que mal et attend son heure tout en mettant à profit son séjour en Toscane. Hôte des Médicis, il visite hôpitaux, arsenaux, banques et exploitations agricoles et s’initie aux nouvelles techniques. Sa patience, et surtout sa connaissance de coutumes ottomanes, prouve la justesse de sa pensée politique : Le Grand Viz Nassouh Pacha est assassine à Istanbul ainsi que son protégé Hafez Pacha, et il est remplacé par Mohamad Pacha comme wali de Damas. Ce dernier avait toujours entretenu de bonnes relations avec les Maan et, à force cadeaux somptueux sitt Nassab, mère de l’émir, obtient de lui qu’il intervienne auprès du sultan pour le retour de son fils. L’émir retrouve ainsi son siège, le 9 décembre 1617, à condition de démanteler quelques places fortes, dont le Château de Beaufort.

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Palais de Der-el-Qamar

La première tâche de l’émir Fakhreddine fut de se venger des ennemis de l’intérieur, ainsi il pénètre dans le fief des Sayfa, livre bataille et les soumet. Il démantèle leur château, fait transporter les pierres a Deir-el-Kamar, à quatre jours de marche, et les utilise pour reconstruire son propre château démoli par ce même Sayfa. Il lui fait payer une rançon de 600 000 piastres-or qu’il envoie au sultan, et rattache au gouvernorat du Kesrouan ceux de Jbeil et de Batroun pour récompenser les Khazen, seigneurs de Kesrouan qui lui étaient restés fidèles.

Puis il se met à la modernisation du pays, il invite 8 familles d’artisans toscans à s’implanter au Liban, et met en place une armee régulière constituée de 45 000 sokmans ainsi qu’un service obligatoire pour les paysans qui doivent s’exercer au métier des armes une fois par semaine. II en garde 15 000 appartenant à toutes les confessions et classes sociales.

La puissance de l’émir cause bien de soucis à la Grande Porte.

En octobre 1623, l’émir refuse de laisser l’armée ottomane qui en rentrant de la frontière perse voulait hiverner à la Békaa. L’émir voyait d’un mauvais œil cette installation qui risquerait de devenir permanente, sans parler des troubles, pillage et autres désordres qui accompagnent une armée qui s’ennuie.

Tout cela est mal vu du Pacha de Damas qui avec l’accord de la Grande Porte pénètre dans la Békaa et se retrouve face à l’armée de l’émir à Anjar.

Les maigres rapports retrouvés racontent que le 1er novembre eut lieu la bataille qui opposa l’armée de l’émir Fakhreddine Maan dit « le Grand » aux forces coalisées commandées par le wali de Damas, Moustafa Pacha, et qui comprenaient des troupes ottomanes et damascènes ainsi que des contingents de soldats libanais sous les ordres des seigneurs féodaux Harfouche et Sayfa, hostiles aux Maan.

Quoique l’ armée  de l’émir de 4000 hommes fut numériquement très inférieure à celle de ses adversaires, qui comptaient 12000 soldats, Fakhreddine remporta une victoire décisive et captura Moustafa Pacha.

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Bataille d’Anjar (César Gémayel)

Moustafa Bacha fut tellement bien traité qu’il témoigna en faveur de l’émir à son retour et confirma le rattachement de la Békaa à l’émirat.

La Sublime Porte embarrassée par cette défaite décida de tempérer les ardeurs et décerna à l’émir le titre de «sultan el-barr» ou « sultan de la terre ». L’armée ottomane se retira ainsi en Egypte et au nord de la Syrie en attendant la revanche qui viendra en 1630.

Fakhreddine est devenu Ie prince Ie plus puissant de l’Empire et sa domination s’étend d’Antioche au nord jusqu’a Palmyre a I’est et Safad en Galilee, au sud. Entre ce deux dates, l’émirat connut son âge d’or.

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Citadelle de Fakhreddine à Palmyre

L’émir érigea nombre de citadelles, à Palmyre, à Antioche, à Chamamiss, à Kab-Elias, à Msayleh, et fit restaurer les mines de Baalbeck, et rénova la citadelle de Niha en prévision des jours à venir.

D’ailleurs, cette frénésie de constructions couta la vie à son fils Nawfal au cours d’un tremblement de terre qui vit s’effondrer la tour centrale de la citadelle de Smar Jbeil.

Il fit aussi construire par l’architecte Cioli un palais « à l’italienne » à Beyrouth, qui devint son jardin d’hiver. Le palais de Beyrouth œuvre d’art et de raffinement, avec son parc zoologique, son orangerie et ses décorations et trompe-l’œil aux motifs floraux suscitait l’admiration des visiteurs. Las, de ce palais ne nous reste que l’appellation de la place du Bourj (Sahet el Borj) ou Place des Canons, qui se situe à l’emplacement de la tour du palais qui dominait la ville et le port et imposait avec ses bouches à feu.

 

 

30 octobre 1938 – Orson Welles sème la terreur en Amérique

Scènes de panique, des familles qui se barricadent et se cachent dans les caves… Les appels paniqués à la police pour savoir où se réfugier. Ça s’est passé pendant la diffusion de « La Guerre des mondes », une dramatique radio interprétée par la troupe du Mercury Theatre et diffusée le soir du 30 octobre 1938 sur le réseau CBS aux États-Unis. Orson Welles qui l’adaptée tellement bien que les auditeurs y croient vraiment.

En cette soirée tranquille du 30 octobre 1938, les auditeurs de CBS s’installent pour écouter une nouvelle dramatique. Le plus naturellement du monde, le speaker annonce le « divertissement » qui va suivre. Le commentateur mentionne, avec une certaine désinvolture, une « perturbation atmosphérique » sans intérêt. Et puis tiens, le voilà qui fait état d’« explosions de gaz incandescent » observées sur Mars, qui se dirigent vers la Terre « à une vitesse faramineuse ». Suivi d’une explication : les Martiens viennent de débarquer sur Terre ! Les (faux) directs paniqués s’enchaînent, les (faux) communiqués officiels tombent. Orson Welles se joue avec maestro de ses auditeurs. De l’autre côté du poste, à Chicago, à New York, c’est l’épouvante. Saisis d’effroi à l’idée d’être la proie des extraterrestres, des auditeurs paniquent, il y eut même selon les journaux des cas de suicides…

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Photographie d’une répétition de La Guerre des mondes au théâtre Mercury. Orson Welles est à gauche les bras levés, Bernard Herrmann dirige l’orchestre radiophonique de la CBS, et aux micros les acteurs Ray Collins et Richard Wilson (en chemise blanche)

L’adaptation du roman du même nom de l’écrivain H. G. Wells est écrite et racontée par Orson Welles. Wells y joue plusieurs personnages à la fois, dont un faux envoyé spécial qui s’écrit: « I guess that it…That’s the thing…Terrific…. »

Certes il y eut quelques cas de panique, mais les journaux friands d’insolite ont exagéré au fil des années l’ampleur de la panique.  La mémoire collective a retenu que l’émission aurait causé un vent de panique à travers les États-Unis, des dizaines de milliers d’auditeurs croyant qu’il s’agissait d’un bulletin d’informations et qu’une attaque extraterrestre était vraiment en cours. La plupart des auditeurs prenant l’émission en cours sont effrayés. Plusieurs milliers de personnes s’enfuient de chez elles croyant à une réelle invasion martienne sur le New Jersey.

Au lendemain de l’émission, les unes des journaux relatent de prétendues scènes de panique et d’émeutes massives à travers les États-Unis, qui auraient été causées par le feuilleton de Welles et sa fausse annonce d’attaque extraterrestre.

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Illustration du livre de  H.G.Wells

L’équipe du psychologue Handley Cantril récolta rapidement après l’évènement de très nombreuses études de cas de personnes ayant paniqué durant la diffusion radio, ainsi que d’autres données empiriques. Certains témoins rapportèrent avoir ressenti des symptômes physiques comme l’odeur des gaz des Martiens ainsi que la chaleur des rayons émis par leurs armes.

Mais cette panique a-t-elle vraiment eu lieu ? Avec 2% d’auditoire sur les 5000 foyers qui ont écouté la radio en cette soirée, certes il y eut des cas de panique, des appels à la radio et à la police. Mais les journaux ont largement exagéré les faits. Et ce ne fut pas un coup de média génial de CBS!

Derrière cette légende tenace se trouve un conflit entre radio et presse. Les journaux ont été ringardisés par la radio qui depuis l’élection de Roosevelt prenait de plus en plus d’ampleur. La presse s’inquiétait de l’ampleur que la radio prenait à leurs dépens, grignotant leurs revenus publicitaires. Leur attaque se cibla sur cette émission en exagérant les faits pour démontrer simplement que ce nouveau média n’était pas fiable.

Orson Welles dut s’excuser devant toute l’Amérique quelques jours plus tard, toujours à la radio.

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Stèle commémorant l’invasion fictive (parc de Grover’s Mill (en), New Jersey, États-Unis)

 

29 octobre 1959 – Naissance d’Astérix le Gaulois

Le premier numéro de Pilote, l’irrégulomadaire créé par Gosciny, Charlier et Uderzo est lancé. Il marque la naissance d’Astérix le Gaulois.

C’est un irrégulomadaire, c’est-à-dire à la fréquence de parution irrégulière, en d’autres termes, selon l’humeur des dessinateurs.

En 1959, âgés de 24 et 25 ans, Albert et René partagent la même volonté de faire évoluer la bande dessinée humoristique vers moins de mièvrerie. Puis pas question de laisser le terrain aux Amerloques ! À l’époque, mis à part les titres belges Tintin et Spirou, les journaux étaient remplis de BD américaines. L’idée était de créer une BD où les histoires et la culture française seraient prédominantes. Car le Polonais et l’Italien sont chauvins !L'ATTACHANT UDERZO

Alors Gosciny a une idée de transformer Le Roman de Renart en BD. Les premières planchent sont prêtes deux mois en avance pour le premier numéro de Pilote. Las, ils n’avaient pas fait gaffe qu’un autre journal publie cette même histoire. Retour à la case zéro et à la page blanche. Ils n’arrivent pas à trouver un remplaçant.

Finalement, au bout d’une soirée bien arrosée ils ont l’idée d’un petit gaulois, petit, mais costaud, qui saute aux yeux comme un astérisque. Et au petit, mais costaud, on colle à la Laurel et Hardy l’ami balaise.

La conception spontanée d’Astérix, rapportée au succès qui s’en suivit, est une remise en cause complète des études de marché, qui, déjà à l’époque, affirmaient que le héros devait être jeune et beau pour que le lecteur s’identifie à lui et qu’il fallait traiter de problèmes actuels plutôt qu’anciens… Une conception qui faisait se gondoler Goscinny : «Demander à quelqu’un ce qu’il aimerait, c’est déjà fini, puisque nous sommes là pour surprendre le lecteur. S’il connaît les histoires avant nous, ça ne lui plaira pas.»

Le succès est phénoménal. On pardonne les anachronismes et approximations historiques (les casques ailés, les menhirs à la mauvaise époques, etc.)

Goscinny meurt d’un arrêt cardiaque à 51 ans, en 1977. À la fin de l’album Astérix chez les Belges, un lapin quitte tristement le banquet final, illustré à la manière de Bruegel : l’hommage d’Uderzo à son compère René. Mais l’aventure reprend dans les années 80 avec Uderzo aux commandes. Et finalement, il passe le relais à d’autres auteurs et dessinateurs qui continuent à faire vivre les Gaulois, contrairement à Hergé qui avait souhaité l’arrêt de Tintin après sa mort.

Depuis ce 29 octobre 1959, 325 millions d’albums d’Astérix et Obélix ont été vendus en 107 langues.

Finalement, deux anecdotes pour conclure :

En discutant avec Hergé les gags dans Tintin et Astérix, Gosciny répond «Vous construisez une histoire sur laquelle vous greffez des gags, nous construisons des gags sous lesquels nous greffons une histoire.»

Une autre anecdote : Adressé aux auteurs, un courrier vient du couvent des dominicains d’Alger adressé à Uderzo et Goscini contient la photocopie d’une page d’un ancien livre de psaumes, reproduction des traductions de la Bible de saint Jérôme, au IVe siècle. Le texte latin contient cette ligne : « Ac in secunda editione obelis et astériscis illustratus ». Obélix et Astérix dans un texte de l’Antiquité chrétienne ? Goscinny et Uderzo n’en reviennent pas. Mais une fois obtenue, la traduction explique tout : « Et dans la deuxième édition, éclairée d’obèles et d’astérisques ». Le passage fait tout simplement allusion à des signes graphiques indiquant l’inclusion de commentaires dans le texte biblique… Ça ne s’invente pas une coïncidence pareille.

30 Juillet 1792 – Les Marseillais entrent à Paris en chantant

Non, ce ne fut pas à l’occasion d’un match OM PSG. Ce sont les volontaires Marseillais rejoignant l’armée révolutionnaire à Paris. Ils chantaient « Chant de guerre pour l’armée du Rhin ». Non. Les qatarites n’ont pas sponsorisé ce chant pour le club de foot de la capitale. Le chant militaire a été composé par l’officier Claude Joseph Rouget de Lisle quelques mois plus tôt. Rebaptisée en Marseillaise, son succès sera tel, qu’elle deviendra « chant national » le 14 juillet 1795 (26 messidor an III). Abandonnée en 1804 sous l’Empire, Napoléon la trouvant trop révolutionnaire, elle fut remplacée par le Chant du départ, avant d’être reprise en 1830 pendant la révolution des Trois Glorieuses qui porte Louis-Philippe Ier au pouvoir. Elle devient hymne national de la national de la République française en 1879.

Pendant la période du régime de Vichy, bien qu’elle soit toujours l’hymne national, elle est souvent accompagnée par le chant Maréchal, nous voilà !. En zone occupée, le commandement militaire allemand interdit de la jouer et de la chanter à partir du 17 juillet 1941.

Valéry Giscard d’Estaing, sous son mandat de président de la République française, fait ralentir le tempo de La Marseillaise afin de retrouver le rythme originel.

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Rouget de Lisle

Rouget de Lisle repose au Panthéon. Et voilà pour les paroles.

Quand à la musique, c’est une autre manche. La musique de la Marseillaise, elle est en réalité d’Alexandre Boucher, un musicien-virtuose que l’on avait surnommé, l’Alexandre des violons. Voici ce qu’il racontait en 1839, à 90 ans :

 » C’était en 1792, j’avais vingt-deux ans. Un bon maître m’avait enseigné la composition, que je cultivais en même temps que mon instrument à cordes. Un soir, que je me trouvais à Paris, dans le faubourg Saint-Germain, rue de la Chaise, à l’Hôtel de Mortaigne, un  colonel, qui partait le lendemain pour Marseille, vint faire ses adieux à la maîtresse du logis. J’assistais à l’entrevue. Mme de Mortaigne me nomma au colonel, qui s’écria :

 » Bravo la rencontre est bonne ! et j’en profite pour demander à monsieur Boucher une marche pour une musique de mon régiment, le priant même de me l’improviser tout de suite.

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Alexandre Boucher

Comme je cherchais à m’excuser, objectant que je n’avais même pas de papier réglé, quelqu’un se trouva là  qui s’offrit d’en faire à l’aide d’un crayon et d’un papier ordinaire. J’aurais bien envoyé l’exigeant officier à tous les diables, mais Mme de Mortaigne s’étant mise à soutenir sa demande, il me fallut bien céder, et , me mettant à l’écart, je composais sur le champ un pas redoublé, auquel je donnais le rythme le plus vif que je pus. Le colonel part avec mon air dans sa poche. Je n’avais pas eu le temps de l’instrumenter. Dès son arrivée à Marseille, il le donne à son chef de musique, pour l’arranger et, comme il y a parade publique tous les jours, l’air ne tarde pas à devenir populaire, à se graver dans toutes les mémoires des flâneurs, à devenir le morceau favori. Un peu plus tard, un jeune officier du génie, ami sincère de la Constitution, mais ayant refusé de prêter un nouveau serment, qui lui semblait contraire au premier, fut destiné à être jeté en prison au fort saint Jean, à Marseille. Là, un geôlier, qui le voyait sans cesse occupé à écrire des vers, lui dit un jour :

 » Dites moi donc, mon officier,  au lieu de passer votre temps à soupirer avec des mots, pourquoi ne faite-vous pas une chanson en l’honneur de nos armées ? … On chante partout la Carmagnole, mais ce n’est pas fameux. Si l’on avait autre chose, ça vaudrait mieux. Tenez, il y a un air que vous entendez tous les jours, à la garde montante… Une marche… C’est vif, c’est troussé, c’est dans toutes les bouches. L’air ferait aussitôt adopter les paroles !  »

Rouget de l’Isle, car c’était son nom, écoutait avec intérêt cette proposition. Le geôlier lui assura que, si ses paroles étaient adoptées par la moitié de ceux qui adoraient l’air en question, sa liberté serait demandée et certainement obtenue… En fallait-il davantage pour que l’officier-poète se mît au travail. Et l’admirable chanson fut créée ! La seul modification à l’air fut que, pour adapter à des vers de huit pieds et lui donner l’allure chantante qu’il fallait, Rouget de l’Isle changea la mesure du 6/8 en quatre temps réguliers, et sacrifia quelques notes redoublées qui donnaient un entrain supplémentaire à cette marche destinée aux cuivres. Le tout, musique et paroles, se fondit ainsi en un tout saisissant que les événements devaient bientôt faire retentir dans toutes les contrées du pays.

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Rouget de Lisle chantant la marseillaise, par Jean-Laurent Turbet

 » Grande fut ma surprise, continuait Alexandre Boucher, lorsque je reconnus mon air de la rue de la Chaîse – un peu mutilé, mais tout à fait reconnaissable ! – chanté sur des paroles de feu par des voix innombrables, soit aux levées des conscrits, soit accompagnant les légions qui allaient combattre. Ainsi venu de Marseille, ce chant s’appela tout naturellement « La Marseillaise ». Il n’eut pas reçu ce nom, si, d’après la légende adoptée par les biographes, Rouget de l’Isle l’avait composé à Strasbourg pour le départ des volontaires se rendant sur les bords du Rhin. »

Le dire du narrateur nonagénaire aurait pu, comme bien vous le pensez, être mis en doute, s’il n’avait pris soin d’y ajouter un complément de certitude indiscutable. Or la preuve fournit par Alexandre Boucher était la meilleure à donner, puisqu’elle consistait ni plus ni moins en l’aveu même de Rouget de l’Isle :

 » Bon nombre d’années plus tard, concluait-il, je me trouvais à dîner côte à côte avec Rouget de l’Isle, à Paris.  Je le voyais pour la première fois, et je étais pas sans une curiosité facile à comprendre, vu les faits que je viens de vous exposer. Je mis quelques malice à le complimenter sur les paroles uniquement:

– Vous ne me parlez pas de l’air ? s’étonna -t-il Ceci me surprend de la part d’un célèbre musicien comme vous.Est-ce que cet air ne vous plaît pas ?

– Si, oh, si mais à ce propos…

– Eh bien, sachez-le, me répliqua vivement Rouget de l’Isle, ayant deviné dans ma réticence, une signification qui le gêna sans doute, cet air n’est pas de moi. C’est une marche, venue on ne sait d’où, une marche qui se jouait à Marseille, à l’époque où la Terreur m’y tenait prisonnier… J’ai là-dessus tant bien que mal adapté mes paroles.

– Oui, je comprends, en subir au morceau quelques petites altérations ! Et, gaiement, je fredonnai, mon pas redoublé, tel que je l’avais composé chez Mme de Mortaigne, ce qui plongea rouget de l’Isle dans un profond étonnement :

 » C’est cela, c’est tout à fait cela ! fit-il, Expliquez-moi donc…

– Tout  à l’heure, répliquai-je, quand nous serons mieux pour causer librement au fumoir.

Ce moment venu, mon explication fut rapide. Il m’embrassa:

 » Ah, mon cher Boucher, me déclara-t-il, hélas, hélas, quoique l’on fasse désormais, vous resterez à jamais dépouillé de votre oeuvre, car votre air et mes paroles semble si bien avoir jailli d’un seul jet que l’on ne croira pas à mon emprunt même si je le proclame ! C’est désolant !

–            Gardez-le, répondis-je, ému de sa peine. Sans votre génie, ma petite marche serait oubliée depuis longtemps Elle est devenue bien vôtre, puisque vous avez su l’élever jusqu’à vos sublimes paroles. »

 

Fin de l’histoire.

9 juillet 1762 – Avènement de Catherine II

À 43 ans, la princesse allemande Sophie d’Anhalt-Zerbst brigue le trône de Russie qui revient légitimement à son mari, le tsar Pierre III. Soutenue par l’armée et acclamée par le peuple, elle est sacrée impératrice à Notre-Dame de Kazan à Saint-Pétersbourg sous le nom de Catherine II. Elle fera assassiner son mari, Pierre III, une semaine plus tard par le frère de son amant, Alexis Orlov.

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Pierre III

Le 9 juillet 1762, avec à leur tête Grigori Orloff, l’amant de la tsarine, trois régiments de la garde du tsar Pierre III se révoltent contre leur maître et prêtent serment de fidélité à son épouse « pour la défense de la foi orthodoxe et pour la gloire de la Russie ».

Le tsar abdique dès le lendemain. Leur mariage n’a pas été des plus heureux, Pierre III selon diverses rumeurs étant sexuellement immature, innocent, ou encore impuissant, sa femme tout au contraire à la sexualité précoce et très active, avait rejoint le camp de l’opposition, nourrie aux idées de Machiavel, Tacite, Voltaire ou Montesquieu. Cela ne plaisait pas à son mari qui l’avait placée  en résidence surveillée. Ils étaient tellement éloignés l’un de l’autre, qu’elle tomba enceinte de son amant et accoucha sans que son grand benêt d’empereur ne remarque rien, et cela à deux reprises, de deux amants différents, car la Catherine était surtout croqueuse d’hommes.

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Fellation sur l’accoudoir. Réédition d’un fauteuil et d’un guéridon qui faisait partie de la collection érotique de Catherine II de Russie, aujourd’hui disparue.  Elle avait toute une collection d’art et de mobilier érotique, dont un mur entièrement couvert de phallus orientés dans tous les sens.

Très à l’écoute des événements qui se déroulaient dans son nouveau pays, Catherine possédait l’affection du peuple russe. En 1762, le bruit court que le tsar se prépare à abolir le servage. Catherine, profitant du mécontentement de la noblesse, passe à l’action. Grigori Orloff avec son frère Alexis, commandant des forces navales, soulèvent les régiments de la garde. Le tsar abdique dès le lendemain de la révolte. Une semaine plus tard, il est tué par l’un des frères Orlov dans une querelle d’ivrognes. Comble d’ironie, Catherine fit publier aux chancelleries des pays étrangers que l’empereur avait succombé à une colique hémorroïdale. Tu parles Charles !

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Alexis et Grigori Orlov

Ainsi débute le règne immense du plus grand « homme d’État » de la Russie, Catherine II la Grande.

En 1772, par le traité de Saint-Pétersbourg, Catherine s’entend avec le roi de Prusse Frédéric II et l’archiduchesse d’Autriche Marie-Thérèse pour enlever à la Pologne un tiers de son territoire.

 

Les trois larrons – Russie, Prusse, Autriche – s’allient non seulement contre la Pologne, mais aussi contre la Turquie. C’est ainsi qu’en 1774, le nouveau favori de la tsarine, Grigori Potemkine, 35 ans, conquiert d’immenses territoires aux dépens de sultan.

 

Les affaires intérieures

Catherine poursuit l’aménagement de Saint-Pétersbourg, la capitale baroque inaugurée par Pierre 1er le Grand à l’embouchure de la Néva, sur la mer Baltique. Elle y attire des architectes et des artistes occidentaux. C’est ainsi que le sculpteur Falconet érige la statue de Pierre le Grand sur la place du Sénat en 1782.

Les idées sociales de Catherine ne sont pas précisément celles des philosophes des Lumières. Mais, par opportunisme politique, elle vénère ces hommes influents dans ses salons et sur son écritoire.

Elle correspond avec d’Alembert, Diderot, Voltaire, Grimm, Helvétius et Kant qui la tiennent pour un « despote éclairé », à l’égal de ses contemporains Frédéric II, roi de Prusse, et Joseph II, archiduc d’Autriche…  Voltaire, flatteur, l’appelle la « Sémiramis du Nord ».

Les terres de l’Église sont sécularisées en 1764, y compris leurs deux millions de serfs, ce qui permet à l’impératrice, les jours de fête, de faire de généreuses donations de terres et de serfs à ses protégés.

Sous l’impulsion de Potemkine, des villes nouvelles voient le jour dans les marches d’Ukraine,  dont Odessa, Kherson, Nikolaïev, Taganrog et Mariupol, aujourd’hui Pavlovsk.

Pour encourager la noblesse à s’intéresser à ses propriétés souvent négligées, la tsarine ne craint pas de limiter les quelques droits qu’ont encore les serfs. Malgré ou à cause des révoltes paysannes, Catherine II ne voit pas d’inconvénient à renforcer le servage en Russie. En 1785, elle l’étend même à l’Ukraine, terre traditionnelle de liberté.

Un bilan imposant

Sous le règne de Catherine II, la surface de la Russie s’agrandit d’un tiers et le pays, jusque-là très marqué par son caractère slave et orthodoxe, absorbe des populations très diverses, y compris des musulmans qui parlent turc ou mongol. Suivant le conseil de Bibi Netanyahu, Catherine II ajoute à la diversité ethnique en faisant venir des paysans allemands pour mettre en valeur les bords de la Volga. Ces colons furent persécutés et déportés à l’époque de Staline, et reflueront en masse en Allemagne à la fin du XXe siècle.

La tsarine meurt après 34 ans de pouvoir absolu, en 1796, non sans s’inquiéter de la Révolution française où elle voit « un repaire de brigands ».

Elle s’effondre le 17 novembre  1796 au matin dans sa garde-robe. On l’étend sur un matelas où elle agonise pendant des heures, à même le sol.

L’impératrice avait prévu de déshériter son fils au profit de son petit-fils Alexandre, mais Paul fouille le bureau de sa mère, met la main sur son testament et le brûle. Devenu empereur, il décide d’ouvrir le tombeau de son père Pierre III, de couronner son squelette et d’enterrer ses parents côte à côte dans la cathédrale Pierre-et-Paul, à Saint-Pétersbourg.

La grande Catherine repose ainsi auprès de ce mari qu’elle a toujours détesté.

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Sépulture de Catherine la Grande

 

16 Juin 1977 – Décès de Wernher von Braun, le père des missiles modernes

Carrière balistique : d’officier SS à administrateur de la NASA, von Braun fut, entre autres, le père des missiles V2 qui servirent à bombarder Londres et du lanceur Saturn qui propulsa Apollo vers la lune. On lui attribuera même la forme du suppositoire moderne, copiée de sa fusée V2. À la fin de la guerre, il n’eut la vie sauve que grâce à ses talents de magicien qui charmèrent les GI qui voulaient en finir avec lui.

Von Braun fut le père des missiles à carburant liquide, ceux-là mêmes qu’on se balance à la figure du Nord au Sud et du Sud au Nord, entre les deux Corées, dans les quatre Iraq, en Iran, au Pakistan et en Inde pour ce citer que quelques-uns. Le bloc du Hezbollah demanda d’ailleurs d’instaurer une journée de fête nationale à sa mémoire. Imaginez, sans lui, on vivra dans un univers sans Katioucha, sans Scud et sans le film Lebanese Rocket Society. Quel ennui !

Né le 23 mars 1912 à Wirsitz en Posnanie. Pianiste accompli il faillit devenir compositeur. Mais n’étant pas amateur de travail mal payé si jamais payé, il changea de carrière et rallia en 1932 le département balistique de la direction des armements allemands. Il fut à la tête du programme balistique du 3e Reich qui permit la fabrication du fameux V2.

Le V2 montra une piètre performance compte tenu de son imprécision de plusieurs kilomètres, et la limite de la charge active -750KG d’explosif seulement, soit le quart de ce que le premier gamin d’Ersal peut fourrer dans une Cherokee.

V2 rocket

Pour l’anecdote, les V2 causèrent dix fois plus de morts lors de leur fabrication dans les usines du camp de Dora-Mittelbau par des déportés  – 20,000 morts – que lors de leurs explosions dans les villes alliées – ~2,000 morts. 

L’avènement du V2 ouvrit la porte à la guerre balistique, à la dissuasion nucléaire et aux frappes dites « chirurgicales ». Le V2 fut même le premier engin à atteindre l’espace. Son impact fut surtout psychologique, se déplaçant plus vite que le son, on n’entendait pas le V2 venir. D’ailleurs la première explosion de V2 sur le sol britannique fut imputée à une fuite de gaz : personne n’avait vu ni entendu l’engin arriver et anéantir tout un immeuble ! Ce n’est pas comme les obus classiques ou le vieux V1 qui ronronnait comme une motocyclette de Malak el Taouk. Les V2 relancèrent la théorie que les laboratoires de l’armée allemande recelaient des armes secrètes qui pouvaient encore changer le cours de la guerre.

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GENERAL ERICH FELLGIEBEL, HEAD OF THE GERMAN ARMY INFORMATION SERVICES, CONGRATULATING MEMBERS OF THE PEENEMUNDE TEAM FOR THE OCTOBER 1942 A4 FLIGHT. AT LEFT IS GENERAL ZANSSEN, THEN GENERAL DORNBERGER, AND BEHIND HIM, DR. VON BRAUJN. AT RIGHT ARE RUDOLF HERMANN AND REISIG.

Derrière tout cela ? Un seul nom : von Braun. Hitler voyait en lui le type même du surhomme aryen. Il fut promu plusieurs fois pour atteindre le rang de SS-Sturmbannfuhrer dans les SS, l’équivalent de commandant dans notre jargon de Yarzé.

Après la guerre, dans le cadre de l’opération Paperclip, von Braun fut envoyé aux États-Unis pour continuer ses recherches tout d’abord au sein de l’armée de terre, où, contre une absolution Indulgentia plenaria quotidiana perpetua, il fut nommé responsable du programme de missiles balistiques de l’armée américaine, équipe toute formée d’ingénieurs allemands il faut préciser.

L’opération Paperclip permettait aux savants nazi de se racheter une virginité absolue – sans devoir passer par la case du Dr Nader Saab – contre leur savoir-faire.  Von Braun faillit finir rôti au gazoline par une patrouille britannique, mais ses talents de magicien qui amusaient les GI lui valurent un répit salvateur. Une fois blanchi, il utilisa ses connaissances dans la fabrication de missiles militaire et dirigea le programme qui permit la mise en orbite du premier satellite américain.

Pour contrer les Soviétiques qui avaient une nette avance dans la course à l’espace, la NASA fut fondée, et naturellement von Braun y fut un des principaux responsables.

C’est sous sa direction que la famille des lanceurs Saturn fut créée, dont le géant Saturn V qui permettra le lancement des missions lunaires du programme Apollo.

Von Braun resta à la NASA en tant qu’administrateur adjoint jusqu’en 1972, l’année où il démissionna pour devenir directeur adjoint de la société Fairchild Engine & Airplane Corporation.

Il décéda le 16 juin 1977 à Alexandria, Virginia des suites d’un cancer du foie, laissant le Hezb orphelin…

On lui doit, autre que les différents missiles et lanceurs, un avertissement sur l’exploitation de la peur par le gouvernement américain pour la continuation de la course à l’armement.

Il confia qu’après la carte de menace communiste, celle du terrorisme, des chefs d’états fous du tiers monde, des astéroïdes, « la carte des extraterrestres est la dernière carte. On va devoir construire des armes spatiales pour contrer les extraterrestres, et tout cela n’est que mensonge ».

Pour les amateurs de théories des complots, notons que von Braun ne mentionna jamais que les ET n’existaient pas, il indiqua seulement qu’on n’a pas besoin de s’armer pour les contrer… À bon entendeur, salut.

 

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Von Braun surrendering to the GIs. But why are they smiling ?  The investigative reporters for Rocket City Blues have tracked down Corporal Eddie Pilzer, probably shown second from the right in the top photograph, now still hearty in his 92nd year and living Las Vegas, Nevada. Pilzer reports that immediately upon capture Von Braun began asking the squad of GIs for a deck of playing cards so he could show them some tricks.  When the corporal flatly refused—“Go fuck yourself,” the Yank somewhat bluntly remarked– the Nazi major never stopped smiling. From the moment he appeared riding in the stolen car he was smiling and he smiled right through Pilzer’s recommendation that he perform an act that the cast would make somewhat more awkward than it would usually be. And without a blink or a frown, Von Braun boldly claimed to be an itinerant magician, produced a shiny coin, and performed a magic trick.  He flipped the coin between his fingers so quickly and smoothly that no one in Pilzer’s squad could tell which side of the coin was up!  
“The guys were kind of dazzled,” recalls Pilzer. “No sleep in three days, lots of dead, lots of friends shot up, the stinking camps, no food, and here was this weird Kraut with his big hair and his smile and his arm get-up, and before we know what’s happened, it’s like a party, right on the spot. Gave us some gum and a cigarette to share. Usually we had the gum and the cigarettes. Usually toward the end they had shit.”
Pilzer was uneasy, he recalls, and “the party just stopped for a bit when this squad of British SOE military intelligence agents arrived, took stock of the situation and decided to pour gasoline on the captured major and set him on fire. I didn’t say anything,” recalls Pilzer, “but the rest of my squad objected that their captive was a magician.” Taking that claim with a bit of impatience, “those Brits drove off pissed, some of them laughing at us, and shouting ‘Yer mums weren’t in London! Get stuffed Yanks yah fooking poofs!’”  Finally, Pilzer remembers, Von Braun “made the party go again in a snap” and told the GI squad he had “still more tricks than they could imagine.”  
Certainly Von Braun was as right about this as about so many other things to come.  In fact, his coin trick charmed no less than an entire city in Alabama, the American military Joint Chiefs of Staff, and even US presidents John F. Kennedy and Lyndon Johnson.